Le gouvernement et le CSA d'accord pour lancer la télévision numérique terrestre en mars

Publié le par Pilote

Matignon a tranché en faveur de la norme MPEG  2 pour la diffusion des chaînes gratuites au printemps 2005, mais reporte sa décision sur la norme adoptée pour l'offre payante, qui devrait voir le jour à l'automne.
 

Le printemps devrait donc voir l'éclosion des chaînes gratuites de la télévision numérique terrestre (TNT), et celles-ci seront diffusées dans la norme MPEG 2. Ainsi en a décidé le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, lundi 8 novembre, au terme d'une réunion avec le collège du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). "J'avais souhaité que, au mois de mars 2005, nous puissions élargir l'offre de télévision gratuite pour les foyers français", a indiqué M. Raffarin à la presse à l'issue de la réunion. Le MPEG 2 est préféré au MPEG 4, soutenu notamment par TF1.

Dans un communiqué, le premier ministre a expliqué que la norme MPEG 2 avait été retenue, car cette "technologie, confirmée et déjà largement développée au stade industriel", est "la seule compatible avec le calendrier arrêté par le CSA pour le lancement des chaînes gratuites de la TNT". Selon lui, cette norme est "la seule qui permette aujourd'hui de s'équiper pour un prix modique". Un adaptateur d'une cinquantaine d'euros (et non plus un décodeur) sera nécessaire pour recevoir le bouquet gratuit de la TNT, pour ceux qui ne sont abonnés ni au câble ni au satellite.

Dominique Baudis, président du CSA, s'est félicité de cette décision : "C'est une grande victoire pour l'immense majorité des téléspectateurs. Avec trois fois plus de chaînes, en numérique, de surcroît, la TNT va permettre de faire accéder au numérique un public qui n'a pas forcément des moyens financiers importants." Selon M. Baudis, le MPEG 2 "est la norme universelle, celle qui est en vigueur partout en Europe, partout dans le monde, en Asie, en Amérique du Nord : elle est fiable et bon marché".

UNE DIZAINE DE RAPPORTS

Avant même son lancement, la télévision numérique terrestre peut se targuer d'avoir su tenir le petit monde de l'audiovisuel en haleine pendant les longues années de sa gestation, depuis que l'idée a été lancée au début des années 1990. Une dizaine de rapports ont rythmé le processus, dont celui de Michel Boyon en 2002 et celui remis récemment par Daniel Boudet de Montplaisir ("Télévision numérique et haute définition").

Le chantier de la TNT a divisé le milieu de l'audiovisuel, avec notamment ses opposants (TF1 et M6), et ses partisans, parmi lesquels l'association Télévision numérique pour tous, constituée du groupe AB, d'Arte, de Bolloré Media, de France Télévisions, de La Chaîne parlementaire et de NRJ. La TNT a souffert des hésitations du gouvernement Raffarin dans les semaines qui ont suivi son avènement, en mai 2002. Il y a eu les auditions des candidats en juin 2002, il y a eu, enfin, de nombreux rebondissements.

Ainsi, dernièrement, la décision du Conseil d'Etat annulant les autorisations accordées par le CSA à la chaîne gratuite i-MCM, et aux chaînes payantes Canal J, Sport +, i-Télé, Ciné-Cinémas et Planète pour la TNT (Le Monde du 22 octobre). Selon le CSA, un nouvel appel à candidatures pour ces six canaux devrait être lancé à la mi-décembre. La chaîne gratuite choisie pourrait commencer à diffuser ses programmes sur la TNT avec six semaines à deux mois de retard sur ses consœurs.

"PIERRE BLANCHE"

"Il faut féliciter le CSA pour sa persévérance et sa cohérence afin que la seule chose qui compte puisse arriver : apporter aux Français de nouvelles télévisions gratuites, ce qui n'est pas arrivé depuis dix-huit ans", a indiqué au Monde Philippe Labro, conseiller pour les médias du groupe Bolloré, qui lance, en clair, Direct 8 sur la TNT. "Quant à ces nouvelles chaînes, elles marcheront ou elles ne marcheront pas, mais cela, c'est notre destin. Nous savons tous que cela sera long et difficile", poursuit-il.

Lundi, le groupe NRJ s'est également félicité de la décision de Matignon : "C'est une journée à marquer d'une pierre blanche pour 75 % de Français qui n'ont que cinq chaînes gratuites, explique Jean-Paul Baudecroux, président du conseil de surveillance du groupe, qui proposera NRJ TV sur l'offre gratuite. C'est bien pour le pluralisme, c'est bien pour l'économie, c'est une victoire de l'intérêt général." Pour NRJ, la décision de M. Raffarin va permettre de "rattraper le retard de la France en matière d'offre de programmes de télévision en clair". Le groupe TF1, cité par l'AFP, a déclaré : "maintenant, c'est le marché qui dira si ce choix est le bon ou pas".

Le long feuilleton de la TNT n'est pas terminé, et le MPEG 4 ne sera peut-être pas laissé au bord du chemin. Lundi, M. Raffarin a indiqué qu'il retenait sa décision définitive sur la norme technique choisie pour la quinzaine de chaînes payantes, à lancer en septembre 2005 avec un délai possible de six mois. Le premier ministre a souhaité étudier la mise en place de la télévision haute définition (TVHD) en France, pour laquelle le MPEG 4 est plus performant. Car la diffusion hertzienne de la télévision "doit également prendre en compte une stratégie d'introduction de la TVHD", a-t-il souligné. L'affaire sera tranchée avant la fin de l'année.

Source: http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3236,36-386445,0.html

Publié dans Le Daily Freenaute

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