Téléphonie et Internet à haut débit, comment se repérer parmi les nouvelles offres

Publié le par Pilote

Le dégroupage total de la boucle locale permet aux concurrents de France Télécom d'accéder aux lignes téléphoniques jusqu'à l'abonné. Téléphonie, Internet à très haut débit et télévision, les opérateurs alternatifs ont lancé leurs offres.
 

L'été 2004 a marqué un véritable tournant dans les télécommunications en France. L'Etat a annoncé qu'il ne serait bientôt plus qu'un actionnaire minoritaire de France Télécom et l'opérateur historique a cessé d'être incontournable pour les particuliers. Il est maintenant possible d'avoir une ligne téléphonique fixe et un accès à Internet sans s'acquitter d'un abonnement à France Télécom. Répondant aux exigences de la réglementation européenne relative à l'ouverture du marché des télécommunications à la concurrence, France Télécom a finalement dû céder le dernier pan de son monopole : la boucle locale. Ainsi, sur une importante partie du territoire français, les opérateurs alternatifs peuvent désormais créer des offres qu'ils gèrent entièrement. Les particuliers ont la possibilité de se débarrasser de la tutelle de l'opérateur historique (156 euros par an pour l'abonnement seul). Depuis trois mois, les offres se multiplient sur ce marché très concurrentiel, laissant parfois les intéressés pantois, voire effrayés de couper le rassurant cordon ombilical qu'a longtemps maintenu France Télécom.

LES OFFRES

Free, déjà pionnier du haut débit, a conservé un pas d'avance. Pour un abonnement Freebox "basic" de 29,99 euros, l'opérateur s'engage à fournir une connexion à Internet avec un débit de 6 Mbits/s, une ligne téléphonique avec la gratuité des appels locaux et nationaux et un accès à des dizaines de chaînes de télévision (dont RTL9, MTV, L'équipeTV…).

Dans la foulée de Free, NeufTel propose depuis juin également un abonnement à 29,99 euros. Pour le même prix, la connexion Internet est "limitée" à 2 Mbits/s, les communications locales et nationales sont gratuites. En revanche, il faut souscrire un abonnement supplémentaire minimum de 11 euros par mois pour le bouquet CanalsatDSL.
A venir : l'offre de l'italien Tiscali, qui devrait faire son apparition sur le marché en octobre. Légèrement plus cher, l'opérateur transalpin proposera un débit Internet de 2 Mbits/s et la téléphonie pour 30 euros par mois pendant les six premiers mois, puis 36 euros par mois ensuite.

Enfin, Telecom Italia propose une connexion dotée d'un débit de 3 Mbits/s et un abonnement téléphonique pour 37,95 euros par mois, mais l'accès à la téléphonie illimité est une option. Elle coûte 22 euros, soit 59,95 euros au total. Si les prix annoncés par les opérateurs semblent proches, il existe néanmoins plusieurs éléments qui peuvent surenchérir l'offre de base : engagement minimum, location, achat ou gratuité du modem, frais de résiliation… Chacun des acteurs a opté pour des formules différentes que le client doit comparer avant de s'engager (voir le tableau des offres dégroupage total).

Devant cette montée en puissance des offres alternatives, France Télécom et sa filiale Internet Wanadoo tentent de faire face en proposant des services comparables. Mais il est hors de question pour Wanadoo de fournir des packages totalement dégroupés. Une telle politique commerciale reviendrait à tirer dans le pied de sa maison mère, France Télécom, en lui soustrayant ses abonnés. Par conséquent, les clients Wanadoo conservent leur abonnement France Télécom à 13 euros par mois.

Afin de concurrencer la Freebox, Wanadoo a sorti la Livebox : pour 29,90 euros par mois pendant six mois (avec un engagement minimum de douze mois), puis 39,90 euros par la suite, l'abonné dispose d'un accès Internet à 2 Mbits/s. La location de la Livebox coûte 3 euros par mois. L'accès à la téléphonie illimité fait l'objet d'un forfait supplémentaire de 20 euros. Enfin, comme chez NeufTel, le bouquet de chaîne CanalsatDSL est au prix de 11 euros par mois. Si les tarifs de l'opérateur historique et de sa filiale Internet semblent prohibitifs, comparés à ceux de ses jeunes concurrents, ce binôme a des avantages sur ses concurrents : il contrôle l'ensemble de son réseau. De plus, fort de l'expérience de plusieurs années d'apprentissage et de tâtonnement, les problèmes techniques sont de plus en plus rares. Enfin, la hot-line a gagné la réputation d'être joignable, ce qui n'est pas le cas de la plupart des entrants sur le marché.

MAUVAISE SURPRISE

Si les offres nées du dégroupage total sont une aubaine attendue pour les consommateurs, elle n'est néanmoins pas dénuée de surprise. Les nouveaux opérateurs n'ont pas la possibilité de créer de ligne, mais seulement de faire migrer (gratuitement) une ligne existante vers leurs réseaux. Pour accéder aux offres de Free, NeufTel…, il faut donc toujours être titulaire d'une ligne France Télécom. Si ce n'est pas le cas, le client devra obligatoirement s'abonner auprès de l'ex-opérateur public pour ensuite migrer auprès d'un opérateur alternatif. Coût de l'ouverture de la ligne : 46,12 euros.

Plus onéreuse, la souscription d'abonnement est d'une durée minimale de douze mois. Au total, France Télécom demande 202,12 euros à ceux qui ne sont pas déjà ses clients et qui souhaitent souscrire à une offre concurrente. Une somme qui correspondrait au coût humain et technique de la manœuvre . "Le juste prix du service et de l'entretien du réseau", explique-t-on chez FT.

Pour la concurrence, il s'agit d'une méthode déloyale pour garder captifs douze mois supplémentaires les clients qui ont résilié leur abonnement (à la suite d'un déménagement, par exemple). Interrogé par Lemonde.fr, l'autorité de régulation des télécommunications (ART) n'a pas souhaité répondre sur ce point. L'affaire pourrait néanmoins ne pas en rester là. "L'obligation à un abonnement de douze mois est une clause abusive", estime Julien Bougnon, directeur adjoint des études au sein de l'Union fédérale des consommateurs (UFC-Que choisir). "Il n'y a pas de justification technique pour un pareil coût à la charge du client. Nous réfléchissons à l'action à entreprendre pour faire corriger ce point", prévient-il. Le dégroupage total pour les particuliers fait seulement ses premiers pas.

D'autres fournisseurs d'accès à Internet et opérateurs téléphoniques peaufinent des offres qui seront sur le marché dans les prochains mois. Wanadoo, qui a déjà vu sa part de marché de l'Internet haut débit glisser en dessous de 50 % en France au premier semestre 2004, doit s'attendre à une nouvelle année difficile.

Source: Le Monde http://www.lemonde.fr/

Publié dans Le Daily Freenaute

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