Diego Massida (Tiscali) : 'Le marché de l'ADSL reste déséquilibré'

Publié le par Pilote

Le nouveau président de Tiscali France estime que les conditions du marché de l’ADSL favorisent toujours France Télécom. Il demande une baisse des prix de revente des offres de l’opérateur et l'arrêt des pratiques de dumping de Wanadoo.

Après le départ soudain de Rafi Kouyoumdjian survenu fin août, son remplaçant Diego Massida a pris les commandes du groupe LibertySurf/Tiscali France début octobre. Son arrivée coïncide avec la fin de la consultation publique menée par l’Autorité de régulation des télécoms (ART) sur l’analyse des marchés du haut débit (voir édition du 6 octobre 2004 ). Dans une lettre publique datée du 13 octobre 2004, Diego Massida dénonce les "graves problèmes concurrentiels" que posent les prix de revente des offres de France Télécom, jugés trop élevés, et les pratiques persistantes de dumping de Wanadoo.

Vnunet.fr : A votre avis, quelles mesures d’arbitrage devraient être prises pour mettre un terme au déséquilibre que vous constatez sur le marché de l’accès ADSL ?
Diego Massida : Je pense qu’une baisse de 20 à 30 % des prix de gros de l'ADSL serait nécessaire pour que nous puissions rester compétitifs sur ce marché. Cela nous permettrait de nous aligner sur les prix de détail pratiqués par Wanadoo avec ses nouvelles offres lancées au début du mois. Il est paradoxal que les prix de gros soient aussi élevés et que Wanadoo puisse proposer des prix aussi bas sur le marché de l’accès grand public. C’est une position que nous avons défendue à l’occasion de la consultation publique menée par l’ART sur l’analyse des marchés du haut débit, qui s’est achevée la semaine dernière. Il faut baisser le prix des offres de gros de France Télécom dans les zones non dégroupées et mettre un terme aux pratiques de dumping de Wanadoo sur le marché de détail en maintenant un contrôle sur ses tarifs.

Pourquoi ne soumettez-vous pas ces griefs au Conseil de la concurrence ou à la Commission européenne ?
Les examens de plaintes prennent trop de temps. Wanadoo aurait le temps de gagner des parts de marché avant qu'une décision d’arbitrage ne soit prise.

Estimez-vous que le déséquilibre sur le marché de l’ADSL s’est aggravé depuis l'intégration de Wanadoo au sein de France Télécom ?
Oui, très clairement. La situation était déjà compliquée avant cette intégration mais cela a empiré. Nous ne pouvons plus distinguer les résultats de la branche Wanadoo de ceux obtenus par les autres activités du groupe France Télécom.

Cette situation est-elle vraiment préoccupante pour vos objectifs d’acquisition de clients ?
Tout à fait. Nous devons faire face à un réel problème de compétitivité dans un environnement extrêmement concurrentiel où chaque acteur rogne sur ses marges. D’ici la fin de l’année, nous estimons que nous parviendrons à 400 000 abonnés haut débit [fin juin 2004, Tiscali France en affichait 360 000, Ndlr]. Nous sommes en train de déployer notre réseau en dégroupage total dans les dix principales villes françaises, qui couvrent 20 % de la population française. Cette couverture sera achevée d’ici la fin du mois de novembre. A la fin de l’année, entre 10 et 15 % de notre base d’abonnés haut débit seront sur des lignes totalement dégroupées.

Comment allez-vous modifier vos offres ADSL ?
Nous voulons mettre en avant notre service de voix sur IP en le proposant également dans les zones en option 3, c’est-à-dire soumises à des offres de revente en gros ADSL. Nous devrions parvenir à séduire 150 000 clients d’ici la fin de l’année avec la téléphonie [Tiscali France recensait 30 000 clients à la fin du mois d’août, Ndlr[. Nous voulons également augmenter le niveau de nos débits. Techniquement, nous pouvons parvenir à 8 Mbit/s en zones dégroupées mais cela dépend de beaucoup de facteurs (zone de localisation du client, distance par rapport au répartiteur, etc.).

Le P-DG de Tiscali vient d’annoncer la mise en vente du réseau télécoms paneuropéen du groupe. Cette cession aura-t-elle un impact sur vos activités en France ?
Non, il n’y aura pas d’impact sur l'activité en France. Je ne peux pas apporter d'autres commentaires sur ce sujet qui concerne la direction Europe du groupe.

L’affaire du prêt de 30 millions d’euros que la filiale française de Tiscali a accordé fin juin à sa maison mère a fait beaucoup de bruit dans la presse. Les échéances et les montants des remboursements n'auraient pas été respectés...
Ce sont des détails opérationnels qui concernent Tiscali France et sa maison mère. C’est une question de gestion de trésorerie et je n’ai pas de souci en la matière. Le comité d’entreprise n’a pas officiellement émis de position sur le sujet. Tiscali France se porte bien. Cette affaire de remboursement de prêt n’aura pas d’impact sur les prochains investissements que nous aurons à réaliser pour assurer notre développement en France.

Source: http://www.vnunet.fr/actualite/interview/diego+massida+tiscali++marche+adsl+reste+desequilibre/12891/2004/10/14/index.html

Publié dans Le Daily Freenaute

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